Le Professeur Jacques CHARPY

Professeur Philippe BERBIS
Service de Dermatologie, CHU Nord - Marseille


Jacques CHARPY naît à Montluçon le 18 mars 1900. Il effectue ses études secondaires au lycée Stanislas à Paris. Son père, membre de l’Académie des Sciences, l’oblige, malgré son ambition avouée pour la Médecine, à des études de Sciences. Ayant accompli son cursus scientifique, titulaire d’une licence es-Sciences, il se tourne vers la Médecine, s’opposant ainsi à son père. Ces études se feront à Lyon et débuteront, après un Service militaire de 24 mois à Mayence, à l’âge de 25 ans.
Un homme jouera un rôle déterminant dans sa vocation: le Professeur GATE, qu’il assiste dès le début de ses études au Dispensaire antivénérien de Lyon. A l’issue de son Internat, Jacques CHARPY devient Assistant du Pr GATE après avoir passé sa Thèse sur la substance P d’Oriel en Dermatologie.
Il se marie en 1934 et s’installe à Dijon.

Dermatologiste des Hôpitaux de Lyon, il devient Professeur de Clinique Dermatologique.
Mobilisé à Troyes en 1939 , il sera Médecin militaire jusqu'en Juin 1940. C’est là qu’il commence ses travaux de recherche clinique sur le traitement du lupus tuberculeux par la Vitamine D2.

De 1941 à 1946 , il accumule les cas d’amélioration spectaculaire d’une affection résistant alors à toutes les thérapeutiques, mêmes les plus agressives. La publication de ses travaux lui vaut des invitations dans le monde entier pour de prestigieuses conférences (Suisse, Amérique du Sud, Angleterre, Norvège, Italie, Grèce). L’Académie de Médecine couronnera ses travaux en lui décernant le Prix Duchenne de Boulogne. Certains pensaient même pour lui au Prix Nobel, tant les résultats spectaculaires de son traitement avaient fait progresser la prise en charge d’un véritable fléau. L’honnêteté de Charpy fera qu’il utilisera le premier les antituberculeux (Streptomycine puis Rimifon) dès leur découverte en 1952.

En 1947, le Professeur VIGNES meurt à Marseille. Sous l’influence du futur Doyen MORIN, CHARPY est appelé à lui succéder à la tête de la Clinique Dermatologique de Marseille. Dès son arrivée , il inaugure la Filiale Marseillaise de la Société Française de Dermatologie, en Octobre 1950, à laquelle étaient présents Pautrier, Clément Simon, Touraine, Civatte, de Graciansky, Duperrat. Ces Journées d’Octobre deviendront le Colloque annuel de la Clinique Dermatologique de Marseille ; il y en aura 7.

Pendant ces 7 années, Charpy va structurer de manière moderne les locaux vétustes de la Clinique Dermatologique de l’Hôtel Dieu : salles de Consultation, bloc d’Hospitalisation, salles de traitement : physiothérapie, chirurgie dermatologique, phlébologie, salles de recherches expérimentales, laboratoire de tests cutanés, un des plus complets de France. Il rêvait d’obtenir la création d’un Institut de Recherches Allerglogiques et Thérapeutiques. De son Ecole , il faut retenir les noms suivants : Calas, Tramier (son élève, orienté vers l’étude de la syphilis), Oddoze, Castelain (allergologie), Témime, Stahl (anatomo-pathologie), Privat (qui deviendra en 1975 le dernier Chef de Service de la Clinique Dermatologique de l’Hotel Dieu de Marseille).
Tous ont été impressionnés par sa prestance, son œil vif, son autorité naturelle, sa grande honnêteté, sa franchise, son aptitude à analyser et à synthétiser les problèmes les plus difficiles, sa capacité à motiver ses collaborateurs, son esprit toujours curieux et novateur.

Charpy meurt accidentellement en 1957, au volant de sa voiture, laissant derrière lui une Ecole orpheline.

Travaux Lyonnais et Dijonnais:
Maladie de Nicolas Favre - Splénothérapie dans les maladies prurigineuses - Etude de la substance P d’Oriel en dermatologie - Traitement de la syphilis: remise en cause de l’intérêt du traitement par l’arsenic - Traitement du lupus tuberculeux par la vitamine D - Recherches sur la nature et la thérapeutique du psoriasis: traitement par extraits de surrénales - analyse des troubles de l’oxydation.

Travaux Marseillais:
Réactions organiques non spécifiques en dermatologie - Rôle du système nerveux végétatif et des effecteurs chimiques (histamine) dans l’inflammation et les réactions hyperergiques - Etiopathogénie du psoriasis (labilité du système neuro-endocrinien) - Mécanismes physiopathogéniques de l’eczema de contact (rôle du système nerveux) - Accidents thérapeutiques en dermatologie - Maladies du collagène.


Source bibliographique:
A propos d’un grand Maître de la Dermatologie Marseillaise : le Professeur Jacques CHARPY
Catherine GIUSTI -GADEN
Thèse Médecine - Faculté de Marseille - 1987


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